Le Grand Rewind
Manifeste de la fonction inverse

Soirée Degré 48 de Daniel Foucard, Les Laboratoires d’Aubervilliers, vendredi 13 septembre 2013
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Je suis l’envers des avants-gardes, je suis le grand Rewind, l’Anabase.

Je suis un petit Poucet postmoderne. Tout à fait au courant que l'extraordinaire capacité de digestion de mon époque fera disparaître la moindre miette de sens que je pourrais laisser derrière moi et me laissera encore plus perdu et déçu.
Je suis un braconnier, je fais des pièges à cyniques, je cache le premier degré sous le second, j'offre la pente de l'ironie à la crédulité des petits malins, et la chair du texte au temps qui passe comme Prométhée son foie à l'aigle.
Je suis Ronald Mac Donald. Il y a de l'anti-vomitif dans mon big mac, les protéines de ma prose sont hyper digestes.

La technique est un miroir, je regarde derrière par l'avant. Je vous regarde de dos. Aujourd'hui nous marchons immobiles sur le chemin du retour.
Je suis le manifeste des armées en déroute. Je suis un manifeste en armure, j affronte le regard de la Gorgone. Je suis le bouclier de Thésée, je renvoie le langage à lui-même. Je fais du texte un écho, de la fable un rétroviseur qui montre au lecteur les mouvements du signifié.
Je ne suis pas un roman, je ne promène pas un miroir le long des routes, je le colle sous le nez du patron.

Que faire de nos espoirs de retour, de la pente de l'enfance?
Ne plus fuir la déception, l'apprivoiser, en faire son animal de compagnie.
Et tout fabriquer en double. À chaque idée en créer une autre, une pour les chiens, une pour les oiseaux.
Matière et antimatière, mesure et contre-mesure. La guerre est ouverte où la seule chance pour David d'atteindre Goliath est d'être entre le soleil et lui.
Guerre asymétrique, la littérature n'a jamais eu que l'éclair de l'idée pour toucher le coeur des autres.
Je suis un manifeste contre les lunettes de soleil.

Je suis Orphée, je traverse les oeuvres la conscience mi-close, je les regarde de biais ou de dos. Comme Orphée, j’escorte la pensée vers le monde des vivants et lui tourne le dos en la précédant. Avec une extrême conscience de sa présence, l’esprit et le coeur vers elle, je marche sans me retourner. Je sais que regarder une oeuvre en face, la dévisager, c’est perdre sa réelle présence, c’est la pétrifier.
Les oeuvres d’art vivent du temps qu’on passe à penser à elles, il suffit de les regarder un instant pour ne plus y penser et donc pour les faire mourir.
L’art se regarde de dos, tout le reste de face.

Je suis un manifeste qui parle
le manifeste pour le retour de l’âge d'or
celui où l'on ne choisit pas entre liberté et égalité.
Je suis le manifeste de la nostalgie, du retour à l'origine, je suis un manifeste réactionnaire.

Ce que je voudrais qu'il advienne de mon corps, du corps des autres, de celui de Dieu, je suis un manifeste mystique.
Que le front s’efface,
Que le squelette se montre en souriant,
Que les mains dansent comme les grues sur le chantier,
Que les genoux éclairent la route,
Que la chair se retienne aux os,
Que l’autre moitié se réveille.
Je suis la manifestation de la nature, de son retour glorieux, le temple de son nom.
Les feuilles frissonnent, le vent respire, la terre tremble. Ce n'est plus mon corps qui mesure les distances, c'est celui de Dieu.

Comme la religion et la politique, je rends présent. Présent l'agneau au loup, présent l'invisible au visible, présent le passé au futur, présent l’utopie à elle-même.

Je suis un manifeste, je tends les mains à Saint Thomas.

Je suis un manifeste, je suis le fils de l'art et de la politique, je donne des preuves de l'avenir.
Je suis une feuille de route, un modèle a suivre, je suis la ligne pointillée qui indique l'endroit où planter les clous.

Je suis celui qui vous libérera de la prison du présent. Je déborde de l'instant comme un muffin de son moule, je suis un excès de présence.
L'esprit jaillit sous l'effet de la pression matérielle. La pensée naît de l'excès de contrainte ou de l'excès de liberté. La pensée naît de l'impossibilité de sa présence.

Je suis le fruit de l'expérience. L’expérience vit dans le souvenir qu'on en a. Elle prend naissance à un moment donné puis ne cesse de grandir, elle déborde le présent et envahit le passé.
Je suis un manifeste rétroactif.

Une seconde pour ouvrir une enveloppe et des années pour régler le problème, une trace sur un mur et des siècle d'histoire de l'art...
L'emprise au sol de certains de nos gestes est comme l'ombre monstrueuse d'une
souris au couchant. Le temps des choses dépend de leur place entre le soleil
et nous, entre leurs causes et leurs effets.
Il y a des moments qui empiètent sur le futur, des actions dont le délai de réalisation hypothèque l'avenir, dont les conséquences encombrent le présent.
Eviter l'action pour que le présent reste un espace dégagé, un lieu ouvert.
Ne rien faire pour faire de la place. Libérer le présent comme l'intérieur des maisons zen pour que les mouvements s'y perdent, pour que rien ne les entrave ni ne les retienne, pour que leurs conséquences disparaissent comme l'écho dans le vide.
Ou alors nier les conséquences, les surmonter. Construire des montagnes puis les escalader en reculant pour ne pas laisser de traces. Faire un présent en dos d'âne.
Je suis le manifeste des pièces vides et des montagnes russes.

Je suis l'Anabase.
Je refuse les enchaînements de cause à effet. Je crois comme les primitifs, que toute conséquence est magique et que le principe de causalité nous enchaîne au temps comme Prométhée à son rocher. Je nous réconcilie de l'extérieur.
Sans liens entre les causes et les effets, le temps disparaît, les choses et les êtres ne passent plus, plus rien ne se passe, plus rien n’arrive. Immobile, tout existe en même temps et pour toujours, tout passe au présent, l’un à coté de l’autre, à l’infini, comme si la totalité des 24 images par seconde d’un film se séparait et se mélangeait sur une table.
Je suis le manifeste pour la fin du temps.


Retourner au plus simple, retourner à l'amibe.
Je suis la pédomorphose qui permet à certains mammifères de se reproduire à un stade encore juvénile, je crée de nouvelles espèces à partir des caractères infantiles de la première.
Les hommes sont nés de grands singes atteints de cette maladie. À rebours de l'évolution, l'homme est sur le chemin qui nous ramènera petit à petit à la simplicité de l'amibe.
L'apparition de l'homme sur terre est un demi-tour dans la chaine de l'évolution.

Alexandre le grand, Hugo Ball, Mao Tsé-Toung.
Je suis le grand Rewind,, le grand retour, le manifeste rétroactif. Je suis la conquête en arrière.
On peut aussi passer par l'avant, mais il ne faut pas s'arrêter trop tôt. La terre est ronde. La main en visière au dessus des yeux, tous ceux qui regardent l'horizon, regardent déjà dans leur dos. Grâce a Galilée, on n'a plus besoin de faire demi-tour pour revenir sur ses pas.
Galilée change toute les perspectives. Les routes sont sans fin. Il n' y a plus d'ailleurs.

Changer la vérité de place, l'emmener en promenade comme le petit Poucet, ses cailloux. Le monde est ce qu'on en pense, la façon dont on le voit. L'art change les points de vues, fait varier les valeurs, il retourne celui qui le voit.
Je suis le manifeste des paraboles.

Je suis le caractère destructeur, chaque journée est un brouillon que je chiffonne et que je jette dans un coin. J'attends celle qui supportera la relecture.
Heureux ceux qui passent leurs journées sans repentir et qui les rangent telles quelles dans leur biographie.
Je noircis le papier pour que la vie et la mort se ressemblent.

Je suis Flavius Joseph, celui qui reste pour témoigner de la mort des autres.
L'art est le sentiment d’après. Créer c’est éprouver du re-sentiment. L’amour du passé présent, les moyens de jouir de l’histoire, la possibilité d’avoir commerce avec les morts. Je suis le manifeste des nécrophiles.

Les instincts sont à assouvir, les nécessités à remplir, les sentiments ne demandent rien, rien à faire qui les satisfasse, aucun geste qui les fasse disparaître. Les sentiments sont en plus, en excès, ils viennent après, ce sont des conséquences. Les sentiments émanent de l'action et retombent autour de nous comme des champignons atomiques. Les émotions puis les sentiments sont les réactions chimiques que provoquent l'apparition de nos corps dans le temps.
Après Tchernobyl, 500 000 personnes sont intervenues pour éteindre le réacteur et le recouvrir d'un sarcophage. Elles ne devaient pas rester plus de quelques minutes sur le site, sous peine d'y rester toujours. On les a appelées les liquidateurs.
Je suis le Grand Rewind, je suis le liquidateur de vos sentiments, je m'occupe de vos excès de présence. L'art est un entrepôt.

Allumer la télé ou mettre de la musique pour ne pas voir ni entendre ce qui est là. Le divertissement accepte de trafiquer l’instant mais l’art est pervers, il nous fait faire un détour qui nous ramène au présent. L’art est ce qui fait re-voir, ré-entendre, re-sentir, l’art donne au monde un goût de revenez-y.
Je suis le manifeste des tautologies.

Je suis le retour en arrière, je ne suis pas réversible. La technique rêve de remonter le temps, de racheter nos fautes, comme les indulgences devaient racheter notre salut. La modernité n'a pas réussi à construire de machine de H.G. Wells alors elle nous vend la réversibilité comme ersatz de retour.
Le réversible dit que les choses marchent dans les deux sens. Que le sens n'a pas d'importance. La réversibilité transforme l'avant-garde en cynisme de bon ton.
Le réversible est conservateur, il veut pouvoir défaire ce qu'il a fait, il veut pouvoir revenir à la situation initiale, il veut pouvoir goûter le présent et le rendre s'il ne lui plaît pas, il veut capitaliser ses positions pour conserver ses acquis, il veut prendre un doggy bag.
Je ne suis pas conservateur, je suis réactionnaire, j’agis sur une action, j’interromps un processus, j'arrête le présent pour pouvoir faire demi-tour.
Je ne pense pas que les choses puissent se lire dans tous les sens, je change de sens, j'inverse le pôle magnétique, j'annule tout. Les conservateurs remontent la chaine des effets aux causes, ils font du moonwalk, moi ,je fais juste demi-tour. Je n'entraîne pas le présent avec moi comme la manche d'une veste, je lui signifie simplement ma décision de lui résister. Prisonnier du présent, je lui tourne le dos pour mettre au point mon évasion prochaine.
Je suis le manifeste des filles de l'air, je suis une boîte à outils faite en perruque chez Chronos.

On attend que l'autre parte ou revienne. On attend qu'il se décide ou qu'il change d'avis. On attend de partir en vacances ou de retourner au bureau. On attend une promotion ou une restructuration. On attend le vendredi puis on attend le lundi. On attend les toasts dans le grille-pain, les enfants dans la voiture, on attend...
L'attente permet d'envisager l'avenir, elle fait apparaître un point de vue - l'idée du bonheur, sans doute - et on dessine des perspectives sur la vitre du présent.
Je suis le réel, je suis ce contre quoi on se cogne, je ne confonds pas la transparence avec la transcendance.
Je suis le yoga des yeux, je force la vision verticale dont le panoptique nous a fait oublier l'usage pour ne plus pratiquer que le regard circulaire et horizontal qui observe en boucle l'immanence à perte de vue.
En pays Cathare, les châteaux sont sur les hauteurs et les monastères au fond des vallées, le pouvoir temporel empêche les âmes de s'envoler, le pouvoir spirituel les empêche de tomber.
Que faire quand l'ouverture des frontières matérielles et temporelles disperse nos âmes dans l'infini du monde?
Je suis le manifeste de la défragmentation des âmes.

Les affrontements traversent les vitres sans tain du libre échange et nous reviennent dans le dos. La vitesse centrifuge de la circulation mondiale nous empêche de changer de niveau, de vivre en 3D.
Je ne vois pas ce que je touche, je ne touche pas ce que je suis, je ne suis pas ce que les autres voient, je ne vois que ce qui est ailleurs.
Il faudrait reculer en remontant. Je suis le manifeste des déviations, je suis psychopompe.

Ce qui rend un dessin animé vivant, c'est la façon dont le dessinateur traite les conséquences de certains mouvements. Proportionnellement à l'éloignement de leur source, le mouvement des cheveux est en retard sur celui de la tête, et celui de la veste est en retard sur celui des épaules.
Dans la vie, ce qui nous rend vivant, c'est la façon dont on traite le retard que prennent nos corps sur nos âmes.

En mer, les supertankers mettent un moment à casser leur erre, ils continuent à avancer longtemps après que leurs moteurs se sont arrêtés.
Le corps est toujours en retard d'une émotion, il digère encore la première alors que l'esprit est déjà passé à autre chose. La plupart de nos émotions attendent dehors que nos corps veuillent bien en faire des sentiments. Je fais le chemin dans l'autre sens, je récupère celles qui sont restées sur le bas-côté. Je suis l'Anabase, je suis le manifeste des bords de route.

Le clou s'enfonce dans l'écho du marteau. Si on étouffe le coup quand le marteau touche la tête du clou, la force remonte dans le bras de celui qui le tient. À la fin de son geste, il faut relâcher la pression sur le manche pour que l'onde de choc continue un instant d'enfoncer le clou, pour que la résonance du champ de force finisse le travail.
Le Big bang était un coup de marteau dans l'univers, nous vivons dans son écho.

Il n'y a pas d'espace, on est toujours dans l'écho de quelque chose.
Il n'y a pas de durée, on est toujours dans le délai de quelque chose.
Tout est distance : distance de la technique qui objective la matière, distance de la religion qui met ce monde au loin d’un autre, distance du langage qui décolle le réel, distance de la conscience qui détache le sujet de ses actes.
Je suis contre-nature, je fais demi-tour pour me rapprocher des choses et leur demander qui elles sont. Je suis une tentative de Stimmung.

La couturière fait avancer le fil puis, par dessous, revient en arrière pour remonter. La politique repasse par ses morts, elle rend justice au passé. La politique coud le passé au présent, elle réconcilie les générations, répare les séparations, elle nous fait croire à la table rase et aux accords de paix. La politique est l'ourlet du présent qui lui évite l'effilochage et les revers. Le revers est réversible, la coupe franche est temporaire. Le revers qui casse sur les mocassins est conservateur, la coupe aux ciseaux sur la cheville nue est révolutionnaire. L'ourlet est la politique qui tient le présent en équilibre entre le passé et le futur.
Je suis le manifeste des machines à coudre, des petites mains et des trois Parques.

Le présent est une dune, un pas en arrière pour deux en avant. Chaque mètre perdu est gagné sur la mort vers laquelle le présent nous mène. La marche est inéluctable, on ne décide que du sommet, de l'endroit où commence la descente. Et si, à la montée, un pas compte à moitié, à la descente il compte double, ce devrait donc être le meilleur moment.
Chiron, centaure fils de Chronos, se vit à force de sagesse offrir l'immortalité par les Dieux. Un jour, il fut blessé par erreur d'une flèche empoisonnée avec le sang de l'hydre de l'Herne. Immortel et atteint d'une blessure inguérissable, il demanda aux dieux d'être délivré de leur don. Il avait atteint son sommet.
L'homme est immortel, mais il décide de faire demi-tour quand il se rend compte que sa blessure elle aussi, est immortelle. Et à ce moment là, tout devient simple, la vie est un long retour à la maison par un soir d'été.
Je suis le manifeste pour la fin des temps, pour le retour du néant.
Je suis le manifeste de la mort joyeuse, de l'apocalypse tranquille.

Par un retour brutal à l'origine, le vivant hérite de sa définition. Ce n'est plus comment ne pas mourir trop tôt, mais jusqu'à quand est-ce encore vivre? La mort n'est plus un problème mais redevient une solution, quand la douleur était insupportable, maintenant c'est l'ennui.
Fêter a nouveau la mort comme il se doit. Indéfectible compagne, gestionnaire parfaite de la planète.
Je suis pour le retour des danses macabres. Pour la dispersion des âges dans la pyramide, pour l'aléatoire des classes sociales.

Je suis le manifeste antérieur, je récapitule les précédents, je résume les futurs.
Antérieur ou postérieur?
L'antérieur est en avant quand je suis un mammifère, il est en arrière quand je suis une époque. Ce qui est en avant dans l'espace est en arrière dans le temps.
Je suis le manifeste antérieur, je ne rythme plus l'action, je suis en avant, comme la poésie.

Je suis le manifeste du vendredi 13. Je suis une grille de loto. Je suis l’avenir aléatoire. Je suis ce qui coule, je suis le Rythme qui règle la fréquence du hasard. Je suis le manifeste du Kairos.

Que fait on avec son dos?
Dans son dos?
Œdipe a les pieds noués
Jésus les pieds cloués
Et moi les omoplates attachées.
Que se passe t-il dans notre dos?
On ne s’en remet pas d’avoir hérité du regard frontal des mammifères et non de celui latéral, des oiseaux.
L’Anabase garde un œil sur sa proie.
Je suis le manifeste des fauconniers ceux vers qui reviennent les prédateurs.


Le chemin du retour cherche sa route mais il est sûr de sa fin.
Le chemin de l’aller ne regarde pas là où il marche, il imagine là où il va arriver.
Le chemin du retour ne cherche pas ailleurs. Il essaie de retrouver ses traces au sol comme on essaie de reconnaitre son visage dans celui des autres.
Je suis l'Imago Dei, je suis le Saint Suaire.

Il faut poétiquement s'isoler pour éviter la dictature de l'opinion, il faut écologiquement s'isoler pour préserver la diversité des espèces, il faut politiquement s'isoler pour éviter le totalitarisme global. C'est en se retirant du monde que dieu l'a créé. Je suis l'endroit où le monde s'est retiré, je suis l'endroit où le langage a trouvé refuge.
Je suis le juif errant, je suis le temps des solitudes.

Penser comme le petit Poucet sème ses morceaux de pain, un peu au hasard, par fragments dispersés sur le chemin, en pensant au retour.
Debout sur le socle de la charrue je ne sais plus si j'essaie de m'arrêter ou de labourer plus profond.
Un coup de patin dans la descente. Chaque phrase comme un virage au frein à main. Chaque phrase comme un poids mort, un gendarme couché, je suis un ralentisseur dans la langue, un obstacle à la communication, une frontière dans les échanges, du sens à déplier au milieu de la route, une carte Michelin.


Je suis la généalogie de la morale, l'archéologie du savoir. Je remonte le chemin de la pensée pour retrouver le lieu de naissance des idées.
L'idée augmente la différence entre le monde et nous, elle diffère notre présence. L’idée diffère la satisfaction des désirs. L'idée remplit l'espace de la perception. Elle est l'équivalent immatériel de la matière. Elle est la matière noire de l'univers, je suis son écho radar.

Atteindre la remontée des désirs, jouer la vie sans effets. Les souvenirs sont le retour à l’origine des sentiments, L'Anabase des affects.
Je suis une théorie du souvenir, je suis la gymnastique du retour.
On se projette sur ce qu'on regarde, cette superposition crée une image qui rappelle un souvenir et son actualisation fait naître un sentiment, qui, à son tour imprime la mémoire.
La mémoire est faite pour respecter et pour trahir, pour préserver et pour détruire, pour se rappeler et pour oublier. Les souvenirs font circuler les désirs. On jouit de sa mémoire parce que comme le désir, elle ne répond pas aux ordres mais au hasard.
Mes souvenirs me tendent vers l’arrière, mes désirs me projettent vers l’avant, je ne suis pas un manifeste, je suis un lance-pierre.

La nostalgie est la meilleure façon de commencer. La nostalgie est un starter, elle prend son élan dans le passé. Elle permet de se retrouver avant de se perdre, de faire le tour par l’arrière, de prendre du recul avant de sauter.
Entre le passé et le futur, je suis nostalgique, je suis un pont sur le présent.

Je suis l'explication des origines, la grande quête des sciences et des religions. Je suis le Grand Rewind, je reviens au début, je suis le manifeste pour la résurrection des corps, je suis le prophète Ézéchiel que Dieu emmena au milieu de la vallée des morts…..


(Trad. Marianne Alphant, La Bible des écrivains, Bayard)

37
1.Voilà sur moi la main de YHWH, on m'emporte au souffle de YHWH, on me dépose au milieu de la vallée : elle est pleine d'ossements. 2. Il me fait aller et venir entre eux en tout sens, regardez, il y en a une multitude sur le sol de la vallée, ils sont tout desséchées.
3.« Fils d’Adam, me dit-il, ces ossements vivront-ils? » «Seigneur YHWH, lui dis-je, c'est toi qui le sais. » 4. « Prophétise, me dit-il, prophétise sur ces ossements et dis-leur : Ossements desséchés, écoutez la parole de YHWH 5. Voici ce que dit le Seigneur YHWH à ces ossements : Regardez, je vous envoie un souffle-virez! «Je vous donne des nerfs, je fais pousser de la chair sur vous, je vous couvre de peau, je vous donne mon souffle -vivez! Ah, vous allez voir que je suis YHWH !»
7. Je prophétise comme j'en ai reçu l'ordre. Écoutez,il y a un bruit tandis que je prophétise, regardez, cela tremble et les ossements se rejoignent, os à os. 8. Je le vois, regardez : il y a des nerfs et de la chair qui poussent autour d'eux, de la peau qui les couvre, mais en eux pas de souffle.
9. « Prophétise au souffle, me dit-il, prophétise, fils d'Adam. Dis au souffle : Le Seigneur YHWH parle : Viens, souffle, des quatre vents! Souffle dans ces morts, ces massacrés, et qu'ils vivent! »
10. Je prophétise comme il m'en a donné l'ordre et le souffle vient en eux, ils reprennent vie, ils se dressent sur leurs pieds - c'est une immense armée.

11. « Fils d’Adam, me dit-il, ces ossements, c'est toute la maison d'Israël. Écoute-les dire : "Nos ossements sont desséchés, notre espoir est détruit, nous sommes finis."12. Eh bien donc, prophétise et dis-leur : Le Seigneur YHWH parle : Regardez, j'ouvre vos tombes, je vous sors de vos tombes, vous, mon peuple ; je vais vous faire entrer sur le sol d'Israël. 13. « Ah, vous allez voir que je suis YHWH quand je vais ouvrir vos tombes, vous faire remonter de vos tombes, vous, mon peuplé !14. Je vous donnerai mon souffle, vous vivrez dans la tranquillité sur votre sol. Àh, vous allez voir que moi, YHWH, je parle et j'agis ! déclare YHWH »


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